(Photo:
Alyona Kirsanova Miss Atom 2009) Le site américain
treehugger s'est "amusé" à faire le calcul que bizarrement personne ne fait, ou très
partiellement: évaluer l'empreinte carbone du nucléaire.
On voit souvent des partisans du nucléaire brandir le côté "propre" de leur argumentation sans citer la moindre source. Si le nucléaire était si propre, il y a longtemps que ce lobby très puissant
(la France en consomme à 80%, ce qui fait d'EDF le premier distributeur européen d'électricité) aurait brandi ses arguments.
Non, il faut que des organismes indépendants fassent eux-même le calcul. L'évaluation de
treehugger
(qui ne prend en compte que la construction de la centrale, le minage et l'enrichissement de l'uranium ainsi que le refroidissement de la centrale au deutérium) conclut à plus de 15,4 tonnes de CO2
dégagé par gigawatt heure produit (ou 15,4 kg par MWh), ce qui est un meilleur score que les énergies fossiles, certes, mais bien au-delà de l'empreinte carbone de n'importe quelle autre source
d'énergie alternative, telle que l'hydraulique, l'éolien ou le solaire.
Et c'est sans compter l'empreinte carbone de la
filière recyclage, ni les conséquences catastrophiques de tout ce qu'on ne sait pas encore: un accident de type Three Miles Island ou
Tchernobyl toujours pendu en épée de Damoclès au-dessus de nos têtes, des déchets qui disparaissent (une quarantaine de navires auraient été coulés par la mafia avec des déchets toxiques à bord,
selon plusieurs témoignages de repentis et les preuves s'acumulent alors qu'avance l'enquête) et menacent directement l'environnement, etc.
On oublie souvent aussi que les centrales nucléaires sont régulièrement arrêtées et redémarrées, en cas d'alerte tremblement de terre ou pour simple raison de maintenance. Il faut un centre de
calcul entier, composé de plusieurs supercalculateurs, pour démarrer ou arrêter une centrale nucléaire et vous pouvez imaginer la consommation électrique de ces
centres de calcul complexes
qui ne sont pas pris en compte dans cette évaluation de l'empreinte carbone du nucléaire.
Alors? Toujours envie d'en consommer? Si le nucléaire était taxé pour son empreinte carbone au même titre que les énergies fossiles, il deviendrait beaucoup moins rentable que tout autre forme
d'énergie alternative (par exemple 10 kg de CO2 par MWh pour toute la durée de vie de l'éolien à comparer aux 15,4 kg du nucléaire sans la filière recyclage). On peut donc se demander pourquoi les
bonnes volontés ne sont pas placées aux bons endroits.
Une bonne claque au nucléaire, mais il en faudra bien plus pour se débarrasser de ce fléau et de sa menace permanente.